Un peu d'histoire...

La grande Histoire...

La ville et son nom sont liés à l’histoire d’Astérius, fils d’une famille romaine, né au VIe siècle à Puy-de-Pont, à l’embouchure de l’Isle et du Salembre, près de Neuvic-sur-l’Isle.

Comme l’évoque la légende, Astérius devenu ermite, réalisa de nombreux miracles donnant ainsi au lieu une certaine renommée. Une première église vit le jour à proximité de l’ermitage, dans laquelle le Saint fût inhumé. Aujourd’hui, cette église n’existe plus, mais, dans une grange à la Chapelle des Bois, on peut toujours voir deux colonnes dans l’épaisseur de la maçonnerie.

Son tombeau attira la vénération des fidèles. Entouré de quelques maisons, un monastère s’installa à proximité de la rivière Isle. La petite bourgade naissante subit de plein fouet les invasions qui ravageront le Périgord. Vers 849, les Normands saccagèrent le bourg et le monastère, mais aussi l’église, près de la Chapelle des Bois.

Au Xe siècle, Raoul de Scorailles, Evêque de Périgueux (1003-1013), fonda la congrégation des chanoines de Saint-Astier et décida d’un nouvel édifice à Saint-Astier. En 1013, les évêques de Toulouse, de Saintes et d’Angoulême consacrent cette église fortifiée et flanquée d’un monastère. Les reliques de Saint-Astier y sont alors transférées.

En 1219, Saint-Astier devient l’une des trente-quatre villes fortifiées du Périgord, se protégeant en particulier du côté de la rivière. L’église elle-même fait l’objet de fortifications successives, lui donnant son aspect massif actuel. Incendiée, elle est reconstruite au XIe siècle et connaîtra plusieurs modifications jusqu’à nos jours.

Eglise de Saint-Astier 

Sous la Révolution, Saint-Astier est à l’abri des horreurs sanguinaires. Le chapitre est dissous et les chanoines doivent s’enfuir, mais l’échafaud ne sera pas dressé en place publique. Le tribunal révolutionnaire de Périgueux prononce quelques arrestations, mais les condamnés, principalement des propriétaires agriculteurs, sont retenus prisonniers dans leur propre maison.

Le 10 novembre 1797 (20 Brumaire an VI), sur la place de la Liberté – aujourd’hui place de l’Église – un “arbre de la Liberté” est planté sous les cris de “Vive la République ! Vive la Paix !”.

À remarquer que, dans ses écrits, le comité révolutionnaire parle de “la commune du dit Astier”, le mot Saint étant alors proscrit…

L’événement marquant du XIXe siècle est la construction d’un pont permanent sur l’Isle, en remplacement des fragiles passerelles en bois, auxquelles chaque crue est fatale. Dès 1829, Monsieur Faucherie de Valbrune décide de se consacrer à la réalisation de cet ouvrage. Un appel à souscription est lancé. Les Astériennes et Astériens, les communes environnantes répondent pour une somme de 56 000 francs. Le pont, commencé en 1831, est livré à la circulation le 12 octobre 1832, puis élargi en 1888 pour y construire deux trottoirs.

 

À proximité de la rivière, Saint-Astier fut concerné par le projet qui, en 1820, devait rendre l’Isle navigable de Périgueux à Libourne. Sur la commune, on établit trois écluses et un canal de dérivation de 1 300 mètres. Le 26 avril 1835, un bateau génois fit l’objet de la curiosité de la population.

2 août 1914, Saint-Astier tremble à l’annonce de la mobilisation. Rares sont les familles qui ne sont pas touchées par la nouvelle. Tandis que la gare est encombrée par les départs des hommes, les femmes, les enfants et les vieillards travaillent courageusement à l’achèvement des travaux agricoles. Tous ont au cœur l’espoir que la guerre sera courte. Le 7 septembre 1914, des milliers de soldats du 73e de ligne, venus de Béthune débarquent à Saint-Astier pour plusieurs jours. De nombreux logements seront réquisitionnés pour les soldats.

En 1916 : « l’enfer de Verdun ». Beaucoup de soldats du Périgord sont au cœur de l’horreur. Saint-Astier connaît cette année-là plus de trente morts et de nombreux blessés.

 

Enfin, le 11 novembre 1918, les cloches de l’église et des villages, résonnent pour annoncer l’Armistice. En tout, ce sont 135 noms d’enfants du pays qui seront gravés quelques années plus tard sur le monument aux Morts.

Visite du capitaine Marc à Saint-Astier le 27 septembre 1944

Le 3 septembre 1939, l’Angleterre et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. Personne ne sait alors qu’elle durera plus de cinq ans. À Saint-Astier, c’est alors un flot perpétuel de nouveaux arrivants, de civils et de militaires, de camions et de services du ministère de la Guerre.

C’est en 1943 que les Allemands s’installent à Saint-Astier. Ils investissent les carrières que l’extraction de la pierre à chaux a creusées sur plus de 10 hectares et dont certaines font plus de 500 mètres de longueur. Recouvertes d’une épaisse couche calcaire, ces excavations sont des refuges capables de résister aux plus forts bombardements.

 

Albert Chanraud, maire de Saint-Astier est arrêté par les allemands le 7 juillet 1943, puis déporté en Allemagne, il y meurt le 3 mars 1945.

Le 17 août 1944, les soldats allemands préparent leur départ de Saint-Astier dans la plus grande discrétion. Ils s’apprêtent à dynamiter les carrières. Mais avant qu’ils puissent achever leur sinistre besogne, l’Armée Secrète, qui encercle la ville, envoie au chef allemand un ultimatum. Après une entrevue entre le capitaine Marc de l’AS et le capitaine allemand, ce dernier annonce la reddition de son groupe. Désarmés et fouillés, les 67 soldats allemands furent emmenés avec les honneurs militaires.

 

Alors que la Résistance se bat partout en Dordogne pour désorganiser les troupes allemandes, ces dernières quittent Périgueux le 19 août pour se retirer vers l’ouest. C’est dans ce contexte qu’une bataille s’engage à Saint-Astier le 20 août entre l’Armée Secrète et les forces ennemies. Une fois entrées en ville, les troupes nazies raflent dix-neuf otages. Deux parlementaires, dont le curé de la ville – l’Abbé Lafaye – se proposent pour porter un message et ainsi, éviter de faire couler le sang.

 

Le 20 août 1944, vers 20 heures, les dix-neuf otages et les deux parlementaires, sont fusillés aux Quatre-Routes, dans un pré enclavé entre des jardins et bordé d’un ruisseau. Un monument, orné d’un bas-relief de Gilbert Privat représentant les otages attachés avec la même corde avant le supplice, porte cette épigraphe : « Aux martyrs de la barbarie allemande fusillés en ce lieu le 20 août 1944 ».

 

Cet épisode est d’autant plus important qu’il marque la libération de la ville du joug allemand. Chaque année, à cette date, une commémoration rassemble un public nombreux animé par l’impérieuse nécessité de ne pas oublier, par respect pour les otages et leur famille, derniers témoins de la barbarie nazie, par respect pour tous ceux qui se sont engagés dans la lutte clandestine.

L’usine Georges sur l’Isle

L’industrie de la chaussure en vallée de l’Isle fait partie de la mémoire locale. Si les usines ont disparu, il en reste des souvenirs forts qui marquent aujourd’hui encore le territoire. À Saint-Astier, deux usines ont employé jusqu’à deux cents ouvriers et ouvrières.

Fondée en 1913, l’usine Georges est construite en partie sur pilotis sur la rivière, à l’emplacement d’une ancienne filature de laine. Absorbant le moulin voisin, elle utilise la force de l’eau pour faire fonctionner ses machines et dispose ainsi d’une puissance hydraulique de 80 cv. L’usine a pu produire jusqu’à 600 000 paires de chaussures par an, qui portaient la marque déposée « L’Astérien », qui deviendra « Aster » quelques années plus tard. Incendiée durant la seconde guerre mondiale, il ne reste aujourd’hui de la manufacture que la plate-forme à côté du barrage. Après la guerre, la famille Georges construisit une nouvelle usine sur la zone de la Borie, avant de s’installer à Saint-Germain-du-Salembre.

Aujourd’hui, la famille Georges participe encore à la renommée de la commune au travers de la cosmétique et plus particulièrement de la marque « Beauty Succès ».

 

La maison Bertrand, fondée en 1930, emploie une trentaine d’ouvriers au cœur de la ville, dans une usine massive à plusieurs étages, avec galeries et cour intérieure. D’une puissance de 30 cv, elle fournit jusqu’à 300 000 paires par an et s’est spécialisée dans la sandalette et dans la chaussure appelée « Le Charentais ».

Aujourd’hui, l’ancienne usine Bertrand accueille le centre culturel, dotant ainsi la ville d’un cinéma, d’une médiathèque, d’une école municipale de danse, d’un conservatoire, d’arts plastiques et d’une salle d’exposition. Dans les années 90, c’est en hommage à cette mémoire ouvrière que le bâtiment a été baptisé La Fabrique.

Parmi les institutions astériennes, le Centre National d’Entraînement des Forces de Gendarmerie (CNEFG).

En 1966, la France quitte l’OTAN. L’armée de l’air, implantée sur le site de Saint-Astier depuis la Libération restitue le matériel essentiellement américain, stocké dans l’entrepôt 607 de la base aérienne 276. Les galeries souterraines sont attribuées à l’armée de terre et la gendarmerie nationale hérite en 1969 de la base-vie sur le plateau de Crognac.

La crise de mai 1968 ayant révélé une grande disparité dans la préparation opérationnelle des unités de gendarmerie mobile, il est décidé de créer sur ce site, le 1er avril 1969, un centre de perfectionnement de la gendarmerie mobile (CPGM) afin « de permettre aux unités de gendarmerie mobile de parfaire leur instruction et d’acquérir la cohésion nécessaire à l’exécution des missions de maintien de l’ordre ».

Le CNEFG s’étend aujourd’hui sur une superficie de 140 hectares comprenant des infrastructures d’instruction adaptées et accueille entre 13000 et 15000 stagiaires et visiteurs par an. Fort de 211 personnels civils et militaires, son activité s’articule autour de 3 pôles de compétences principaux :

– le rétablissement de l’ordre ;

– l’intervention professionnelle ;

– les formation internationales et partenariats.

L’usine de chaux Pierre Mallebay

La chaux de Saint-Astier dite « Saint-Astier » a su prendre une place essentielle et incontournable sur le marché national et international dans la restauration des monuments historiques ou des habitations.

En 1835, seul un four à chaux était signalé sur la commune. C’est en 1850 que Louis Vicat, ingénieur des ponts et chaussées, prospectant les ressources du pays, met en évidence les propriétés du calcaire du bassin de Saint-Astier. Ses recherches assurent que le calcaire de Saint-Astier peut convenir à la fabrication d’une chaux naturelle pure, dont la faible hydraulicité permet son emploi en milieu humide.

Le banc calcaire de dix kilomètres de long appartient à l’ère secondaire, groupe crétacé supérieur, étage campanien (75 millions d’années). Ce calcaire provient de dépôts marins constitués de coquillages, coraux, marnes et autres animaux infiniment petits et nombreux. La mer ayant été très calme, cela donne des couches d’une grande régularité sur plusieurs centaines de mètres d’épaisseur et une composition chimique et minéralogique du calcaire constante.

Dans son ouvrage, l’abbé Nogué recense quinze usines créées entre 1852 et 1932. Même au plus fort de la conquête du ciment, au début du XXe siècle, alors que la plupart des chaufourniers disparaissent, les chaux de Saint-Astier résistent grâce à la qualité de ce calcaire si particulier et à la volonté des dirigeants de moderniser régulièrement les sites de production. Dès 1906, l’Union des Chaux, qui regroupe les principaux chaufourniers de Saint-Astier, est créée.

Aujourd’hui, le bassin de Saint-Astier, unique en Europe par l’homogénéité de son gisement calcaire, regroupe trois usines de production qui distribuent des chaux naturelles et des enduits prêts à l’emploi : Safa, Cimchaux et Dordognaise. Les chaux pures résultent exclusivement de la cuisson d’un matériau calcaire suivi d’une extinction sans aucun additif.

C.E.S.A

Sources :

  • Édouard Nogué : Saint-Astier Pito Vilo – Grand Cluchié
  • Édouard Nogué : 1940-1945 Les Allemands à Saint-Astier
  • Hervé Mercier : 1900-1950 Saint-Astier

Saint-Astier

Les “armoiries” ou “armes” sont des emblèmes de dignité, autorisées par un pouvoir souverain pour la distinction des familles, sociétés, villes… Ces signes héréditaires figuraient sur les bannières, sceaux, châteaux… souvent accompagnés d’une devise.

Le blason de Saint-Astier est fait d’une cloche d’or sur fond rouge : “de gueules à une cloche d’or”.

La devise traditionnellement utilisée “Pito vilo, grand cluchi锓Petit ville, grand clocher” en occitan – popularisée par l’ouvrage de référence de l’abbé Édouard Nogué, paru en 1933, est issue d’un poème en prose du majoral Robert Benoit, président du Bournat du Périgord : “Sent-Chatié, pito vilo grand cluchié”.
Un autre exemplaire du blason (voir ci-dessous) se retrouve surmonté de la devise latine “Ex virtute nobilitas”La noblesse est dans le courage.
On peut retrouver la cloche d’or de Saint-Astier sur la façade de la gare de Toulouse-Matabiau, parmi les blasons des vingt-six principales villes desservies par la compagnie des Trains du Midi entre Bordeaux et Sète.

Les personnalités de la ville

Norbert Aujoulat est un préhistorien français, né à Brive-la-Gaillarde (1946 – 13 avril 2011). Docteur en préhistoire et géologie du Quaternaire, habilité à diriger des recherches et Conservateur du patrimoine, il était chargé de l’étude de l’art pariétal des grottes Chauvet et Cussac. Issu d’une famille astérienne, il a vécu longtemps à Saint-Astier.

Les frères Pierre Besson (1er avril 1940) et Claude Besson ainsi que leur cousin Alain Besson (21 mars 1943) sont d’anciens joueurs et entraîneurs français de rugby à XV, tous les trois nés à Saint-Astier.

Kendji Girac (3 juillet 1996) né à Périgueux, il grandit à Saint-Astier et fréquente le collège Arthur Rimbaud. Il sort vainqueur en 2014, de l’émission « The Voice ».

Jacqueline Robin née Pangnier (11 décembre 1917 à Saint-Astier – 3 février 2007 à Taverny), Jacqueline Robin est une pianiste française. Elle entre à l’âge de 10 ans au Conservatoire de Paris où elle obtient cinq premiers prix. En 1945, elle forme un célèbre duo de piano avec Geneviève Joy, qui deviendra l’épouse du compositeur français Henri Dutilleux.

Un peu d'histoire...

La grande Histoire...

La ville et son nom sont liés à l’histoire d’un homme, Astérius, fils d’une famille romaine, né au VIe siècle à Puy-de-Pont, à l’embouchure de l’Isle et du Salembre, près de Neuvic-sur-l’Isle. La légende veut que, devenu ermite, il réalisa de nombreux miracles donnant au lieu une certaine renommée. Une première église est bâtie à proximité de l’ermitage, dans laquelle le saint sera inhumé à sa mort. Aujourd’hui, cette église n’existe plus, mais, dans une grange à la Chapelle des Bois, on peut toujours voir deux colonnes dans l’épaisseur de la maçonnerie.

Son tombeau attirant la dévotion des fidèles, un monastère s’installe à proximité de la rivière, entouré de quelques maisons. Sur les rives de l’Isle, la petite bourgade naissante subit de plein fouet les invasions qui ravageront le Périgord. Vers 849, les Normands saccagent le bourg et le monastère, mais aussi l’église, près de la Chapelle des Bois.

C’est au Xe siècle que sont jetés les fondements d’une nouvelle église à Saint-Astier, par Raoul de Scorailles. En 1013, une église fortifiée flanquée d’un monastère de chanoines réguliers, est consacrée en présence des évêques de Toulouse, de Saintes et d’Angoulême. Les reliques de Saint-Astier y sont alors transférées.

En 1219, Saint-Astier devient l’une des trente-quatre villes fortifiées du Périgord, se protégeant en particulier du côté de la rivière. L’église elle-même fait l’objet de fortifications successives, lui donnant son aspect massif actuel. Incendiée, elle est reconstruite au XIe siècle et connaîtra plusieurs modifications jusqu’à nos jours.

Sous la Révolution, Saint-Astier est à l’abri des horreurs sanguinaires. Le chapitre est dissous et les chanoines doivent s’enfuir, mais l’échafaud ne sera pas dressé en place publique. Le tribunal révolutionnaire de Périgueux prononce quelques arrestations, mais les condamnés, principalement des propriétaires agriculteurs, sont retenus prisonniers dans leur propre maison.

Le 10 novembre 1797 (20 Brumaire an VI), sur la place de la Liberté – aujourd’hui place de l’Église – un “arbre de la Liberté” est planté sous les cris de “Vive la République ! Vive la Paix !”.

À remarquer que, dans ses écrits, le comité révolutionnaire parle de “la commune du dit Astier”, le mot Saint étant alors proscrit…

L’événement marquant du XIXe siècle est la construction d’un pont permanent sur l’Isle, en remplacement des fragiles passerelles en bois, auxquelles chaque crue est fatale. Dès 1829, monsieur Faucherie de Valbrune décide de se consacrer à la réalisation de cet ouvrage. Un appel à souscription est lancé. Les astériens et les communes environnantes répondent pour une somme de 56 000 francs. Le pont, commencé en 1831, est livré à la circulation le 12 octobre 1832, puis élargi en 1888 pour y construire deux trottoirs.

À proximité de la rivière, Saint-Astier fut concerné par le projet qui, en 1820, devait rendre l’Isle navigable de Périgueux à Libourne. Sur la commune, on établit trois écluses et un canal de dérivation de 1 300 mètres. Le 26 avril 1835, un bateau génois fit l’objet de la curiosité des astériens.

2 août 1914 : la ville de Saint-Astier tremble à l’annonce de la mobilisation, car rares sont les familles qui ne sont pas touchées par la nouvelle. Tandis, que la gare est encombrée par les départs, les femmes, les enfants et les vieillards travaillent courageusement à l’achèvement des travaux agricoles. Tous ont au cœur l’espoir que la guerre sera courte. Le 7 septembre 1914, des milliers de soldats du 73e de ligne venus de Béthune débarquent à Saint-Astier ; plusieurs jours durant, il faut trouver des logements, dans la ville, dans la campagne, pour les soldats.

En 1916, c’est “l’enfer de Verdun”. Beaucoup de soldats du Périgord sont au cœur de l’horreur. Saint-Astier connaît cette année-là plus de trente morts et de nombreux blessés.

Enfin, le 11 novembre 1918, les cloches de l’église et des villages, résonnent pour annoncer l’armistice. En tout, ce sont 135 noms d’enfants du pays qui seront gravés quelques années plus tard sur le monument aux Morts.

Visite du capitaine Marc à Saint-Astier le 27 septembre 1944

Le 3 septembre 1939, l’Angleterre et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. Personne ne sait alors qu’elle durera plus de cinq ans. À Saint-Astier, c’est alors un flot perpétuel de nouveaux arrivants, de civils et de militaires, de camions et de services du ministère de la Guerre.

C’est en 1943 que les Allemands s’installent à Saint-Astier, investissant les carrières que l’extraction de la pierre à chaux a creusées sur plus de 10 hectares et dont certaines font plus de 500 mètres de longueur. Recouvertes d’une épaisse couche calcaire, ces carrières sont des refuges capables de résister aux plus forts bombardements.

Le 7 juillet 1943, les allemands arrêtent le maire de Saint-Astier, Albert Chanraud. Conduit en Allemagne comme déporté politique, il y meurt le 3 mars 1945.

Le 17 août 1944, les soldats allemands préparent leur départ dans la plus grande discrétion et s’apprêtent à dynamiter les carrières. Mais avant qu’ils puissent achever leur sinistre besogne, l’Armée secrète, qui encercle la ville, envoie au chef allemand un ultimatum. Après une entrevue entre le capitaine Marc de l’AS et le capitaine allemand, ce dernier annonce la reddition de son groupe. Désarmés et fouillés, les 67 soldats allemands furent emmenés avec les honneurs militaires.

Alors que la Résistance se bat partout en Dordogne pour désorganiser les troupes allemandes, ces dernières quittent Périgueux le 19 août pour se retirer vers l’Ouest. C’est dans ce contexte qu’une bataille s’engage à Saint-Astier le 20 août entre l’Armée secrète et les forces ennemies. Une fois entrées en ville, les troupes nazies raflent dix-neuf otages. Deux parlementaires, dont le curé de la ville – l’Abbé Lafaye – se proposent pour porter un message et ainsi, éviter de faire couler le sang.

Le 20 août 1944, vers 20 heures, les dix-neuf otages et les deux parlementaires, sont fusillés aux Quatre-Routes, dans un pré enclavé entre des jardins et bordé d’un ruisseau. Un monument, orné d’un bas-relief de Gilbert Privat représentant les otages attachés avec la même corde avant le supplice, porte cette épigraphe : “Aux martyrs de la barbarie allemande fusillés en ce lieu le 20 août 1944”.

Cet épisode est d’autant plus important qu’il marque la libération de la ville du joug allemand. Chaque année, une cérémonie rassemble de nombreux astériens animés par l’impérieuse nécessité de ne pas oublier, par respect pour les otages et leur famille, derniers témoins de la barbarie nazie, par respect pour tous ceux qui se sont engagés dans la lutte clandestine, par respect pour ces vivants qui nous ont donné une leçon de vie.

L’usine Georges sur l’Isle

L’industrie de la chaussure en vallée de l’Isle fait partie de la culture et de la mémoire locale. Si les usines ont disparu, il en reste des souvenirs forts qui marquent aujourd’hui encore le territoire. À Saint-Astier, deux usines ont employé jusqu’à deux cents ouvriers et ouvrières.

Fondée en 1913, l’usine Georges est construite en partie sur pilotis sur la rivière, à l’emplacement d’une ancienne filature de laine. Absorbant le moulin voisin, elle utilise la force de l’eau pour faire fonctionner ses machines et dispose ainsi d’une puissance hydraulique de 80 cv. L’usine a pu produire jusqu’à 600 000 paires de chaussures par an, qui portaient la marque déposée L’Astérien, qui deviendra Aster. Incendiée durant la seconde guerre mondiale, il ne reste aujourd’hui de la manufacture que la plate-forme à côté du barrage. Après la guerre, la famille Georges construisit une nouvelle usine sur la zone de la Borie, avant de s’installer à Saint-Germain-du-Salembre.

La maison Bertrand, fondée en 1930, emploie une trentaine d’ouvriers au cœur de la ville, dans une usine massive à plusieurs étages, avec galeries et cour intérieure. D’une puissance de 30 cv, elle fournit jusqu’à 300 000 paires par an et s’est spécialisée dans la sandalette et dans la chaussure appelée Le Charentais.

Aujourd’hui, l’ancienne usine Bertrand accueille l’espace culturel, le cinéma et la médiathèque de Saint-Astier. Dans les années 90, c’est en hommage à cette mémoire ouvrière que le bâtiment a été baptisé La Fabrique.

Parmi les institutions astériennes, le Centre National d’Entraînement des Forces de Gendarmerie (CNEFG) tient une place notable. Créé suite aux événements de mai 68, sur un ancien site de l’armée de l’Air, il fut Centre de Perfectionnement de la Gendarmerie Mobile, Centre d’Instruction de la Gendarmerie puis Centre d’Instruction des Gendarmes Auxiliaires.

Le CNEFG fournit les moyens et les infrastructures adaptés à la formation et au perfectionnement des gendarmes mobiles et gardes républicains qui viennent acquérir à Saint-Astier les techniques élémentaires au maintien de l’ordre.

Le centre accueille également les unités similaires de nombreux pays (Italie, Espagne, Portugal, Maroc, Slovaquie, Slovénie, Pays-Bas ou Turquie…). Cette dimension internationale permet les échanges de compétences dans les domaines du maintien de l’ordre et de l’intervention professionnelle. Le CNEFG est le plus grand centre de ce type en Europe.

L’usine de chaux Pierre Mallebay

À l’heure où la chaux retrouve ses lettres de noblesse dans le bâtiment, la chaux de Saint-Astier a su prendre une place essentielle et incontournable sur le marché national et européen de la restauration.

En 1835, seul un four à chaux était signalé sur la commune. C’est en 1850 que Louis Vicat, ingénieur des ponts et chaussées, prospectant les ressources du pays, met en évidence les propriétés du calcaire du bassin de Saint-Astier. Ses recherches assurent que le calcaire de Saint-Astier peut convenir à la fabrication d’une chaux naturelle pure, dont la faible hydraulicité permet son emploi en milieu humide.

Le banc calcaire de dix kilomètres de long appartient à l’ère secondaire, groupe crétacé supérieur, étage campanien (75 millions d’années). Ce calcaire provient de dépôts marins constitués de coquillages, coraux, marnes et autres animaux infiniment petits et nombreux. La mer ayant été très calme, cela donne des couches d’une grande régularité sur plusieurs centaines de mètres d’épaisseur et une composition chimique et minéralogique du calcaire constante.

Dans son ouvrage, l’abbé Nogué recense quinze usines créées entre 1852 et 1932. Même au plus fort de la conquête du ciment, au début du XXe siècle, alors que la plupart des chaufourniers disparaissent, les chaux de Saint-Astier résistent grâce à la qualité de ce calcaire si particulier et à la volonté des dirigeants de moderniser régulièrement les sites de production. Dès 1906, l’Union des Chaux, qui regroupe les principaux chaufourniers de Saint-Astier, est créée.

Aujourd’hui, le bassin de Saint-Astier, unique en Europe par l’homogénéité de son gisement calcaire, regroupe trois usines de production qui distribuent des chaux naturelles et des enduits prêts à l’emploi : Safa, Cimchaux et Dordognaise. Les chaux pures résultent exclusivement de la cuisson d’un matériau calcaire suivi d’une extinction sans aucun additif.

Sources :

  • Édouard Nogué : Saint-Astier Pito Vilo – Grand Cluchié
  • Édouard Nogué : 1940-1945 Les Allemands à Saint-Astier
  • Hervé Mercier : 1900-1950 Saint-Astier

Saint-Astier

Les “armoiries” ou “armes” sont des emblèmes de dignité, autorisées par un pouvoir souverain pour la distinction des familles, sociétés, villes… Ces signes héréditaires figuraient sur les bannières, sceaux, châteaux… souvent accompagnés d’une devise.

Le blason de Saint-Astier est fait d’une cloche d’or sur fond rouge : “de gueules à une cloche d’or”.

La devise traditionnellement utilisée “Pito vilo, grand cluchi锓Petit ville, grand clocher” en occitan – popularisée par l’ouvrage de référence de l’abbé Édouard Nogué, paru en 1933, est issue d’un poème en prose du majoral Robert Benoit, président du Bournat du Périgord : “Sent-Chatié, pito vilo grand cluchié“.
Un autre exemplaire du blason (voir ci-dessous) se retrouve surmonté de la devise latine “Ex virtute nobilitas”La noblesse est dans le courage.
On peut retrouver la cloche d’or de Saint-Astier sur la façade de la gare de Toulouse-Matabiau, parmi les blasons des vingt-six principales villes desservies par la compagnie des Trains du Midi entre Bordeaux et Sète.


Les personnalités de la ville

Norbert Aujoulat est un préhistorien français, né à Brive-la-Gaillarde en 1946 et mort le 13 avril 2011 à 65 ans. Docteur en Préhistoire et Géologie du Quaternaire, habilité à diriger des recherches et Conservateur du Patrimoine, il était chargé de l’étude de l’art pariétal de la grotte Chauvet et de la grotte de Cussac. Issu d’une famille astérienne, il a longtemps habité la commune.

Les frères Pierre Besson, né le 1er avril 1940 à Saint-Astier et Claude Besson, né le 5 janvier 1942 à Saint-Astier et leur cousin Alain Besson, né le 21 mars 1943 à Saint-Astier sont d’anciens joueurs et entraîneurs français de rugby à XV.

Née Jacqueline Pangnier le 11 décembre 1917 à Saint-Astier et décédée le 3 février 2007 à Taverny, Jacqueline Robin est une pianiste française. Elle entre à l’âge de 10 ans au Conservatoire de Paris où elle obtient cinq premiers prix. En 1945, elle forme un célèbre duo de piano avec Geneviève Joy, qui deviendra l’épouse du compositeur français Henri Dutilleux.

Les villages, véritable patrimoine communal

Saint-Astier c’est : la rivière, la chaux, les bois, le soleil, le ciel et les lieux-dits. Un lien indissoluble uni le cœur de bourg et les hameaux. Le petit patrimoine est l’art de l’épanouissement de la ruralité.

La Bassonie, Bellevue/Blanquine, La Borie, Brouillaud, La Chapelie, Les Chapelles, Crognac, Davalant/Les Granges de Magentout, Fareyrou/La Bellonie, Ferrière, Fontaneau, Fonvaleix, La Jaurie, Jevah, Leybardie, Leybarterie, Merland, Merland-du-Puy, Le Moulin du Puyolem, La Mouline, Le Nicoulou, Nouaillac, Le Perrier, Le Petit Puy, Puy de Merland, Le Puy-Saint-Astier, Puyferrat, Rebière, Redondie, Reyterie, Le Roc/La Floque, Le Roudier, Rougerie, Tamarelle, La Vaure, Le Verdier, Excideuil, La Combette, Les Chaumes, Le Fournet, Les Veyssières…